Synchronicités & intrication quantique
4 SEPTEMBRE 2019 (mis à jour le 19 mars 2023)
Table des matières
Dernier volet de la série consacrée aux synchronicités ! Il fait suite aux articles sur l’historique des synchronicités et le rôle de l’inconscient dans l’apparition de ces phénomènes. Après avoir également décrypté quelques exemples personnels mettant en lumière la communication et la résonance quantique à l’œuvre lorsque les synchronicités se produisent, j’élargis ici le cadre de référence à l’univers. Et je m’intéresse en particulier à l’intrication et au feedback présents à toutes les échelles, conditions sine qua none à la manifestation de cette communication et de cette résonance.
Intrication quantique et synchronicités
Des liens vers la physique standard

Le modèle standard en physique classique considère l’univers comme composé de systèmes isolés. Même si les physiciens reconnaissent que les systèmes isolés n’existent pas, ils ne prennent pourtant pas en compte cette réalité dans leurs travaux. Ils ignorent la connexion entre les systèmes lorsqu’ils étudient l’univers. De plus, ils ne s’intéressent qu’aux évènements reproductibles. Pour toutes ces raisons, ils perpétuent un modèle non seulement incorrect mais particulièrement inadapté à l’étude des synchronicités.
Dans l’infiniment petit, en revanche, l’observation de phénomènes d’intrication laisse apparaître un univers bel et bien connecté. Est-ce la raison pour laquelle certains physiciens quantiques se sont aussi intéressés aux synchronicités ? Ce fut le cas en effet de l’un des pères fondateurs de la physique quantique et prix Nobel 1945, Wolfgang Pauli. Il a d’ailleurs collaboré directement avec Jung.
En 1949, Pauli écrivait :
« Je crois que les coïncidences synchronistiques sont détruites lorsqu’on élimine tous les facteurs incontrôlables et inconscients afin d’obtenir des conditions expérimentales reproductibles. »
WOLFGANG PAULI [1]
Il illustrait ainsi le fait que la synchronicité nous entraîne dans une autre manière de penser, où l’inconscient a une place de choix. En 1952, après une longue correspondance avec Pauli et beaucoup de révisions du concept, Jung a publié La synchronicité, principe de relations acausales [2].
Des liens vers la théorie de l’univers connecté
C’est l’intrication des paramètres modelant les synchronicités qui permet d’établir une analogie entre ce que la physique quantique donne à observer et ce type d’événements. Que ce soit la coïncidence signifiante entre le psychisme de deux ou plusieurs individus, qui s’explique par l’intrication des psychismes de ces personnes. Ou bien la coïncidence signifiante entre un état mental et un état physique, qui s’explique par l’intrication entre les psychismes des personnes, l’inconscient collectif et la matière.
Lorsque Jung écrivait à Pauli : « il est plus vraisemblable que toutes deux (matière et psyché) ont en fait la même propriété, qu’elles sont toutes deux contingentes à un niveau plus profond et empiètent l’une sur l’autre sans se soucier de leur détermination causale respective » [3], il faisait référence à l’unité de la réalité, l’« Unus Mundus », c’est-à-dire le champ d’information unique. Du point de vue de la physique standard, ce champ regroupe le champ quantique – dans lequel les informations sont intriquées – et les champs d’interaction matériels. Ceux-ci sont au nombre de trois puisque la gravité n’est pas expliquée au niveau de l’infiniment petit dans la théorie quantique actuelle.
Du point de vue de l’univers connecté, il en va tout autrement. En effet, la théorie de Nassim Haramein répond aux conditions d’intrication nécessaires à l’émergence des synchronicités de l’échelle quantique à l’échelle cosmologique puisque tout y est connecté à tous les niveaux. Ainsi, à toutes les échelles il existe un seul champ unifié d’information à la source de deux – et seulement deux – champs matériels quantifiés et intriqués : le champ électromagnétique et le champ gravitationnel [4].
Feedback et synchronicités
Recevoir et transmettre des informations

De l’interaction de ces deux champs résulte d’une part le feedback nécessaire à l’information afin qu’elle circule et parvienne au niveau de complexité observable dans l’univers. Et d’autre part, le feedback nécessaire à la conscience pour qu’elle émerge en tant que conscience de soi. Nassim Haramein explique que :
« Pour être conscient de vous-même, vous devez avoir un retour d’information. La conscience est une rétroaction entre le monde extérieur et le monde intérieur. C’est fondamental pour toutes choses. Alors toutes les choses sont conscientes. Toutes les choses envoient des informations dans le vide et le vide renvoie de l’information. Votre capacité à alimenter le système est directement liée à votre capacité de résistance, c’est à dire à la quantité d’informations qui peut entrer en vous. »
J’ai littéralement expérimenté cette déclaration. Je l’ai vécue concrètement lorsque l’anévrisme, arrivé au bout de sa capacité de résistance, s’est rompu (lire Mon histoire). Notons que si le mot « résistance » suggère une notion de rigidité, c’est plutôt la souplesse qui conditionne notre capacité de résistance. Moins les tissus sont souples, moins ils vont pouvoir résister à la pression sanguine. Et dans mon cas, ce constat physiologique a trouvé un écho au niveau de ma conscience : elle s’est simultanément échappée de la rigidité du mental. Telle est l’expérience de conscience qui m’a permis par la suite d’être en mesure de recevoir plus d’informations, et ainsi d’en transmettre davantage, par l’intermédiaire de ce blog.
Quel délai pour le retour d’information ?
Si le feedback sous-tend le processus de création de l’univers, le délai de retour de l’information est plus ou moins rapide. De ce point de vue, la particularité des synchronicités réside peut-être dans le fait que lorsqu’elles se produisent, le feedback est immédiat, ou du moins s’effectue dans un délai très court.
En revanche, la réciproque n’est pas forcément vraie : si je mets ma main sur une plaque très chaude, je vais me brûler immédiatement, et en général cela n’aura rien d’une synchronicité. Bien que cela pourrait être le cas si par exemple je me réveillais un matin après avoir rêvé que je me brûlais, j’arrivais dans la cuisine, je racontais mon rêve à la personne qui se trouve là. Encore engourdie par le sommeil, je mettais ma main sur une plaque de cuisson en ignorant que cette personne venait juste de la faire chauffer. Le feedback d’information serait instantané.
Et plus encore, peut-être que cette instantanéité permettrait, dans ce cas précis et dans le cas des synchronicités en général, d’expliquer l’apparition spontanée du sens chez l’observateur. Michel Cazenave parle de double mouvement propre aux événements synchronistiques qui, selon moi, peut s’inscrire dans cette réflexion :
« C’est une chaîne qui se forme entre le sujet qui observe et le sens qui s’impose à ce sujet, et qui fait de ce sujet un participant à l’événement qui, dans un double mouvement, reçoit et donne le sens à la scène qu’il perçoit. »
Auto-organisation des systèmes
Tantôt le feedback se traduit pour le sujet en événements ordinaires, en apparence uniquement soumis au déterminisme. Tantôt il est de l’ordre de l’intuition, de la coïncidence ou de la synchronicité. Ces deux manifestations physiques – déterministe ou synchronistique – font appel à un niveau de compréhension différent du processus par lequel ils sont créés. Ainsi, la synchronicité, contrairement au déterminisme, ne peut laisser aucun doute quant à la provenance de l’information. C’est-à-dire aucun doute quant à l’existence d’un champ de conscience plus vaste que celui avec lequel nous croyons interagir. En fait, la synchronicité constitue clairement la preuve, selon Nassim Haramein, que le feedback nécessaire à l’avancement de la conscience aboutit à l’auto-organisation des systèmes dans l’univers.
Résonance et synchronicités

Si tout est manifesté en fonction du feedback d’information qui opère entre le vide et la matière, il s’agit toujours d’une co-détermination entre l’information que nous envoyons dans le vide et notre interprétation de ce que le vide nous renvoie. Cette co-détermination se manifeste sous forme de rencontres, de circonstances ou d’événements. Notre interprétation dépend de l’état de conscience à partir duquel nous interagissons avec le vide. Et le feedback provenant du vide dépend de l’interaction qui se produit entre l’information envoyée et l’information émanant de tous les autres points de vue. La résonance entre l’information envoyée et l’information reçue peut ainsi refléter un degré de correspondance plus ou moins élevé. Il semblerait que dans le cas des synchronicités, la résonance soit immédiate, et le degré de correspondance maximal. L’intérieur et l’extérieur expriment alors la même chose.
Pour Nassim Haramein, tout ce qui est à l’extérieur de nous est en retard par rapport à notre expérience. Seul notre centre est au temps exact. Tout se passe comme si la synchronicité nous ramenait à la résonance avec notre temps exact, c’est-à-dire avec le point d’immobilité.
Nous voici arrivés au terme de cette série. Si vous souhaitez continuer votre exploration sur le thème du hasard, que je n’ai pas abordé ici à proprement parler, vous pouvez lire la série sur l’effet papillon.
Points clés
- Le modèle standard en physique est particulièrement inadapté à l’étude des synchronicités.
- La théorie du champ unifié répond aux conditions d’intrication, de feed-back et de résonance nécessaires à l’émergence des synchronicités, à toutes les échelles.
- Le feed-back instantané d’information pourrait expliquer l’apparition spontanée de sens chez l’observateur lorsqu’il vit une synchronicité.
Notes & références
[1] PAULI Wolfgang dans une lettre du 22 octobre 1949 à Markus Fierz (citée d’après von Meyenn (1993), lettre n°1055, p.703), cité par metapsychique.org
[2] JUNG Carl Gustav, La synchronicité, principe de relations acausales, in Synchronicité et Paracelsica (1952), Paris : Albin Michel, 1998.
[3] JUNG Carl Gustav, cité par GOMEZ Virginie, La physique peut-elle contribuer à la compréhension de la psyché ? (2011, 9 juin), In : INREES
[4] Voir l’article sur la gravité quantique.
[5] HARAMEIN Nassim, cité par International Space Federation FR
[6] CASENAVE Michel, Les oiseaux et la mort, In : monnotboudrant
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