Les synchronicités,
de la philosophie à la physique
14 JUIN 2019 (mis à jour le 9 mars 2023)
Table des matières
Le terme « synchronicité », apparu pour la première fois en 1928, a été créé par le psychanalyste suisse Carl Gustav Jung. Après beaucoup de révisions du concept, il a défini la synchronicité comme étant une « coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue. Le terme s’oppose à « synchronisme », qui désigne la simple simultanéité de deux événements. » [1]
Comprendre les synchronicités
Deux aspects d’une même réalité
Plus précisément, une synchronicité est une correspondance dans le temps entre un événement psychique – c’est-à-dire un état de conscience – et un événement physique. L’exemple le plus courant est celui de la personne dont nous n’avons pas eu de nouvelles depuis longtemps, qui nous appelle exactement au moment où nous pensons à elle. Toutefois, on ne parlera de synchronicité que si cet événement prend un sens particulier pour nous, nous y reviendrons.
Pour Jung, ces deux événements – psychique et physique – ne seraient finalement que les deux aspects d’une même réalité. Il a appelé « Unus Mundus » ce concept d’unité de la réalité, dans lequel :
« L’étrange principe de la synchronicité agit dans le monde lorsque certaines choses (…) se comportent comme si elles étaient la même chose, tout en ne l’étant pas de notre point de vue. »
CARL GUSTAV JUNG [2]
L’inconscient collectif et les archétypes
Selon Jung, les synchronicités s’articulent autour de deux notions fondamentales : l’inconscient collectif et les archétypes. L’inconscient collectif représente la psyché inconsciente commune à l’humanité, c’est-à-dire l’expérience de toute l’histoire humaine dont nous avons hérité. C’est un champ à travers lequel se transmettent des informations. Il serait de nature à expliquer par exemple les phénomènes de télépathie.
Les archétypes s’inscrivent dans ce champ d’information, comme autant d’images primordiales que l’on retrouve dans les contes, les légendes, les rêves ou les mythes de la littérature universelle. Ils sont symboliques et nous servent de modèle. Lorsqu’ils sont actifs dans notre psyché, les archétypes produisent de manière inconsciente certains types de comportements. Ces-derniers peuvent être affectifs ou intellectuels, et sont communs à toute l’humanité depuis… l’origine des temps ! De ce fait, les archétypes sont de nature à la fois intime et impersonnelle. C’est uniquement dans le cas où les archétypes activés dans la psyché individuelle sont en rapport avec le danger, le risque ou les circonstances funestes que se manifesteraient les synchronicités selon Jung.
Yin Yang : signification et philosophie
Le livre des transformations
Avant d’élaborer la notion de synchronicité, Jung s’est intéressé au Yi Jing, le Livre des transformations [3] dès 1924. Ce livre était pour lui une méthode d’exploration de l’inconscient. Considéré comme le plus ancien texte chinois, sa date d’élaboration n’est cependant pas connue avec certitude : elle varie selon les hypothèses du début du VIIIe siècle av. J.-C. au début de l’ère chrétienne.
Le Yi Jing est un livre de philosophie et de cosmologie qui peut également être utilisé pour la divination. En gardant toutefois à l’esprit la notion d’évolution inhérente à la manifestation des événements. C’est-à-dire le fait qu’aucune situation n’est jamais figée puisqu’elle s’inscrit dans le mouvement permanent de l’univers. Les principes Yin et Yang représentent d’ailleurs les incessantes transformations de tous les aspects de la vie et de l’univers.
Le manifesté, le réel, est enserré dans ces principes. Le côté statique du symbole qui les représente, appelé Taijitu, n’a d’égale que la dynamique universelle dont ils sont porteurs. Le Taijitu, immobile, rappelle aussi l’unité située au-delà du mouvement dualiste apparemment généré par le Yin et le Yang.
Le Yin symbolise notamment l’obscurité, le froid, l’intériorité, la souplesse, le féminin tandis que le Yang est associé à la lumière, la chaleur, l’extériorité, la rigidité, le masculin. Le Yin et le Yang ne peuvent se définir que l’un par rapport à l’autre : ils agissent dans l’interdépendance.
Notre vision occidentale nous les présente comme opposés, alors qu’ils sont complémentaires. Ils évoluent dans un mouvement qui produit invariablement un passage de l’un à l’autre, offrant ainsi en continu une expérience de chaque principe. Ce passage est uniquement le fruit d’une limitation mutuelle puisque le Yin se manifeste dès que le Yang arrive à son maximum, et inversement.
Vers les synchronicités
Ainsi alternent continuellement les phases de croissance et de décroissance de chaque principe, la croissance du Yin étant simultanée et proportionnelle à la décroissance du Yang, et réciproquament. On parle de circulation alternative des opposés.
Cette mutation d’un principe vers l’autre va s’opérer progressivement pour aboutir à un basculement inéluctable. Un peu comme la goutte qui fait déborder le vase. Si l’on observe le goutte à goutte sans avoir accès au niveau d’eau dans le vase, on ne peut jamais savoir si l’on se trouve dans la phase de lente mutation – qui fait monter petit à petit le niveau d’eau – ou très proche du débordement.
Il existe 64 combinaisons possibles du Yin et du Yang, qui aboutissent à une série de 64 figures à six branches, appelées hexagrammes. Grâce à elles, on peut interpréter toutes les transformations possibles.
Dans le cadre d’une divination, il suffit alors de laisser émerger le savoir inconscient, qui va entrer en résonance avec l’état de conscience du consultant. Dans la pensée chinoise, c’est le Tao qui sous-tend les événements physique et psychique entrant en jeu dans ce processus. Et c’est ce que Jung a cherché à traduire quand il a élaboré le terme « synchronicité » :
« L’Orient fonde sa pensée et son évaluation des faits sur un autre principe. On n’a même pas de mot pour rendre compte de ce principe. L’Orient a bien sûr un mot pour cela mais nous ne le comprenons pas. Le mot oriental est Tao… J’utilise un autre mot pour le nommer mais c’est assez pauvre. Je l’appelle synchronicité. »
CARL GUSTAV JUNG [4]
Quand la physique rejoint la philosophie…
Si le Yi Jing montre la complémentarité des principes Yin et Yang, il révèle également leurs subdivisions successives.
Le Yin et le Yang peuvent en effet chacun se diviser en sous-éléments Yin et Yang à l’infini. Par exemple, en hiver, c’est le principe Yin qui se manifeste davantage que le Yang. Un jour d’hiver sera manifesté par du Yang dans le Yin. Un crépuscule de jour d’hiver sera manifesté par du Yin dans le Yang du Yin. Et nous pouvons continuer et continuer ainsi à l’infini.
Cette divisibilité sans fin du Yin et du Yang n’est pas sans rappeler les transformées de Fourier, qui déploient une harmonique fondamentale en une somme infinie de fréquences harmoniques. Autrement dit, elle rappelle le principe fractal.
Le physicien Nassim Haramein avance que « le Yi Jing encode la géométrie de l’espace-temps, et le Yin Yang encode la dynamique de l’espace-temps » [5]. Dans sa théorie, il existe en effet une analogie directe entre le symbole du Yin et du Yang et la dynamique de l’univers. Le symbole Taijitu représente un double tore vu du dessus, c’est-à-dire un trou noir dans lequel l’information circule. Cela se produit grâce à une boucle de rétroaction qui agit en continu du vide vers la matière et de la matière vers le vide. En ce sens, le vide est d’ailleurs très proche de la notion d’inconscient collectif décrite par Jung.
… en passant par la géométrie
Pour le physicien, il existe également une analogie entre les 64 combinaisons possibles du Yin et du Yang et les 64 tétraèdres qui décrivent la structure du vide, d’où tout émerge et où tout retourne.
La clé est d’interpréter littéralement le Yi Jing, c’est-à-dire de l’observer sous l’angle de la géométrie. Nassim Haramein part en effet du constant suivant : la seule géométrie 3D qui puisse être générée avec six traits (les six traits des hexagrammes) est le tétraèdre [6]. Afin de respecter la polarité de l’univers, il est nécessaire de générer un tétraèdre inverse. Contrairement aux traits du premier tétraèdre, les traits du second devront être segmentés, coupés en deux. Ainsi les traits des deux tétraèdres pourront se croiser. C’est la raison pour laquelle, selon lui, le Yi Jing est constitué de traits pleins et de traits segmentés, et que chaque symbole est en opposition symétrique : 1 et 64, 2 et 63, etc…
« Si vous prenez le code, si vous continuez cet assemblage, vous pourrez reconstituer toute la matrice des 64 tétraèdres. 64 codes formant chacun un tétraèdre, ça fait une grille de 512, ce qui représente le niveau fractal suivant après le 64 (64×8=512). Donc si vous suivez le code “Yi Jing” (qui est le trigramme de 8) on a les 64 hexagrammes, qui génèrent les 512 avec toute la progression. »
NASSIM HARAMEIN [7]
Voilà une manière fort élégante de relier la physique et la conscience !
Dans le prochain article de cette série, je vous propose d’explorer les liens entre les synchronicités, l’acausalité et l’inconscient.
Points clés
- Les synchronicités s’articulent autour de deux notions fondamentales : l’inconscient collectif et les archétypes.
- Les principes Yin et Yang représentent les incessantes transformations de tous les aspects de la vie et de l’univers.
- Le Yin et le Yang peuvent chacun se diviser en sous-éléments Yin et Yang, à l’infini : ils suivent un processus fractal.
- Le Yi Jing encode la géométrie de l’espace-temps, et le Yin Yang encode la dynamique de l’espace-temps.
Notes & références
[1] JUNG Carl Gustav, Les Racines de la conscience, Paris : Le livre de poche, 1995, p. 528
[2] JUNG Carl Gustav, cité par metapsychique.org
[3] WIKIPEDIA. Yi Jing
[4] JUNG Carl Gustav, cité par metapsychique.org, op.cit.
[5] HARAMEIN Nassim, cité par International Space Federation FR
[6] Un tétraèdre est une pyramide à base triangulaire, considérée comme la brique fondamentale de construction de l’univers dans la théorie de Nassim Haramein.
[7] HARAMEIN Nassim, cité par International Space Federation FR, op.cit.
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2 commentaires à propos de “Les synchronicités, de la philosophie à la physique”
A la suite d’un traumatisme psychique très important, je suis tombée sur le livre de Robert Hopcke « Il n’y pas de hasard » et ai été assaillie par une quantité invraisemblable d’évènements synchronistiques.
A force de vivre et d’étudier ces évènements, j’ai commencé par comprendre en partie ce qu’ils me révélaient: ils étaient en quelque sorte que comme des lettres d’un alphabet qui assemblées donnaient une solution.
Il me semble qu’il n’y a pas véritablement de lien avec l’inconscient.
Il y a un émetteur dans l’univers (qui émet des « ondes physiques ») et qui nous impacte: nous ne sommes qu’une enveloppe charnelle et c’est l’émetteur qui pense et qui agit à notre place.
J’ai également et surtout compris que en quelque sorte tout ce qui nous arrive, tout ce qui est arrivé et tout ce qui va arriver à l’humanité est prévu à l’avance d’une façon extrêmement précise.
La majeure partie d’entre nous est dans l’incapacité de se rendre compte qu’elle est en face d’un évènement synchronistique, et même s’y refuse, se cramponnant de façon « maladive » à la raison.
Les évènements syncrhonistiques nous permettent souvent de nous tirer de mauvaises situations, de situations dangereuses si nous les reconnaissons et les acceptons, et dans ce sens ils permettent d’éviter ou de modifier un tout petit peu ce qui est « absolument » prévu à l’avance.
Je ne m’attendais absolument pas à ce type de découvertes (tout ce qui nous arrive est prévu à l’avance avec une précision extrême, nous sommes impactée et régis par des « ondes » émises par un émetteur « physique » dans l’univers).
Tout ce que je sais c’est que la présence de tous les évènements synchronistiques que j’ai vécus m’a en quelque sorte sauvé la vie, mais je ne comprends la raison pour laquelle j’ai fait ces découvertes.
Ce qui me rassure, c’est que vous êtes un physicien qui s’intéresse à ces sujets, cela me rassure un peu car la psychologie et l’inconscient ne semblent jouer qu’un rôle apparent, mais non réel; la physique joue un rôle.
Auriez-vous une explication à me donner?
Bonjour et merci pour votre message. Je suis flattée de passer pour une physicienne à vos yeux, mais sachez que je n’ai pas de diplôme dans ce domaine 😉 Je m’intéresse simplement beaucoup à la physique.
La meilleure façon dont je pourrais décrire ce qui vous est arrivé est que vous êtes entrée en communication avec vous-même. C’est pour moi toute la beauté des synchronicités. Quand je dis vous-même, je veux dire un niveau plus profond, qui va au-delà du mental, qui touche peut-être l’âme. Cette communication ne peut pas ne pas être en lien avec l’inconscient. Si vous avez l’impression de faire des découvertes (d’avoir des prises de conscience), c’est bien que cela appartenait au champ de votre inconscient avant. Il convient en fait de distinguer la Conscience – qui sous-tend la manifestation de l’univers – de la prise de conscience, qui n’a de sens que parce que l’inconscient existe (dans l’univers). L’univers devient petit à petit conscient de lui-même, à travers nous. Il y a donc autant d’émetteurs que d’êtres conscients. Mais ils ne sont pourtant pas à l’extérieur les uns des autres (univers holographique).
Le conscient et l’inconscient ne sont pas incompatibles avec la physique. La théorie de l’univers connecté montre que l’avancement de la conscience dans l’univers (donc, autrement dit, la transformation de l’inconscient) est rendue possible par une boucle de rétroaction (univers fractal). La Conscience est déjà arrivée là où elle voulait aller. La prise de conscience peut prendre plus ou moins de temps 😉 Encore que cette considération n’a de sens que pour l’ego… !
Vous avez fait ces découvertes parce que vous étiez prête et que vous avez permis, à un niveau conscient et/ou inconscient, qu’elles se produisent. J’espère vous avoir éclairée 🙂