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Mise à jour : 14 février 2020

Votre cerveau est-il vraiment nécessaire ? 3/3

EMI-cerveau-conscience

Dernier volet de mon explo­ra­tion (loin d’être exhaus­tive !) des liens entre le cer­veau et la conscience. « A quoi sert le cer­veau ? » pour­rait être la ques­tion déve­lop­pée dans le pre­mier article, tan­dis que le second pré­sente le témoi­gnage de la neu­ros­cien­ti­fique Jill Bolte Taylor suite à son AVC. Je m’in­té­resse ici à un autre neu­ros­cien­ti­fique, l’a­mé­ri­cain Eben Alexander. « Le cer­veau ne crée pas la conscience » : voi­là l’un des ensei­gne­ments qu’il trans­met dans son livre La Preuve du para­dis [1], suite à l’EMI (Expérience de Mort Imminente) qu’il a vécue en 2008. Alors atteint d’une ménin­gite bac­té­rienne ful­gu­rante, il va se retrou­ver plon­gé dans un coma pro­fond en quelques heures.

Comme c’est le cas en pareille situa­tion, la bac­té­rie a atta­qué en pre­mier lieu le cor­tex céré­bral, c’est-à-dire le tis­su orga­nique recou­vrant le cer­veau. Le cor­tex par­ti­cipe à de nom­breuses fonc­tions cog­ni­tives, notam­ment la mémoire, le lan­gage et le rai­son­ne­ment logique. Il abrite le néo­cor­tex, situé juste à la sur­face du cer­veau et consi­dé­ré comme essen­tiel à la pro­duc­tion de la conscience.

           

Un cerveau irrécupérable ?

EMI-meningiteIl se trouve que le néo­cor­tex d’Eben Alexander est deve­nu tota­le­ment inac­tif des suites de son coma. Lorsqu’il est arri­vé aux urgences, il avait moins de 10% de chance de sur­vie et un cer­veau consi­dé­ré comme irré­cu­pé­rable, puisque déjà au mini­mum de ses fonc­tions. Au fil des jours, il a per­du ce qui lui res­tait d’activité neu­ro­lo­gique. Ses exa­mens mon­traient alors, qu’en théo­rie, il pou­vait seule­ment avoir une expé­rience consciente pri­mi­tive et rudi­men­taire. Devant cette dégra­da­tion majeure de son état cli­nique sans espoir de gué­ri­son, les méde­cins envi­sa­geaient de le « débrancher ».

C’est donc contre toute attente que le doc­teur Alexander s’est réveillé après son 7ème jour de coma. Il est fina­le­ment reve­nu à un état de conscience nor­mal. Et sans aucune séquelle neu­ro­lo­gique. A son réveil, il ne se sou­ve­nait de rien, sauf de l’expérience de mort immi­nente (EMI) qu’il venait de vivre. Ses sou­ve­nirs « ter­restres » sont reve­nus petit à petit, et lorsqu’il a consul­té son dos­sier médi­cal et réa­li­sé l’état dans lequel se trou­vait son néo­cor­tex pen­dant sa période de coma, il n’a pu que se rendre à l’évidence : l’expérience de conscience qu’il venait de vivre n’avait pas pu se pro­duire dans son cer­veau.

Alors, tout ce qu’il avait appris et croyait jusque-là s’est trou­vé remis en cause. A com­men­cer par les EMI, qu’il consi­dé­rait sim­ple­ment comme « des his­toires extra­or­di­naires, sans conteste. Mais tout cela était, de [son] point de vue, du pur fan­tasme » [2]. Son expé­rience lui disait main­te­nant qu’il venait de « [ren­con­trer] la réa­li­té d’un plan de conscience qui exis­tait tota­le­ment indé­pen­dam­ment des limi­ta­tions de [son] cer­veau. » [3]

                

Une EMI pour une nouvelle conscience

Finalement, grâce à cette expé­rience, Eben Alexander a eu une preuve irré­fu­table de l’existence de l’Amour et de l’Eternité. Une cer­ti­tude abso­lue à la mesure – ou plu­tôt à la déme­sure – de son scep­ti­cisme d’antan :

 

« Avant mon coma je pen­sais que je com­pre­nais com­ment le cer­veau, l’es­prit et la conscience fonc­tion­naient. J’ai pas­sé 20 ans en neu­ro­chi­rur­gie, 15 ans à l’é­cole de méde­cine de Harvard, à opé­rer des gens avec des mala­dies très graves du cer­veau (…). [Pourtant]  une chose est deve­nue très claire à l’issue de mon voyage, c’est que la seule chose qui existe, c’est la conscience. Cette petite voix de la pen­sée ration­nelle, ce n’est pas moi, ce n’est pas la conscience. La conscience en moi observe cette voix. » [4]

 

En fin de compte, il s’est retrou­vé dans une situa­tion où il lui était tout sim­ple­ment impos­sible – en tant qu’homme et en tant que scien­ti­fique – de contes­ter le fait que la conscience existe indé­pen­dam­ment du cer­veau. Je suis arri­vée au même constat… en emprun­tant le che­min inverse. En effet, mes croyances étaient à l’op­po­sé de celles d’Eben Alexander. Mon expé­rience en fut le reflet. En témoigne mon score de Glasgow à 15 alors que le sien se situait presque aux anti­podes, à 5.

mental-consciencePour le scien­ti­fique, « le cer­veau est comme une valve de réduc­tion, il prend la conscience uni­ver­selle, qui pré­existe, et la réduit a une forme qui [la limite] à un objec­tif de sur­vie » [5]. Je nuan­ce­rais un peu son pro­pos en disant que c’est le cer­veau tel que nous l’utilisons, c’est-à-dire asphyxié par le men­tal, qui agit comme un filtre rédui­sant la conscience à une forme illu­soire et limi­tée à notre espace-temps. Mais notre cer­veau peut tout à fait fonc­tion­ner – et même mieux ! –  si nous élar­gis­sons notre conscience.

               

La puissance de l’expérience

Cortex or not cortex ?

Revenons-en au ques­tion­ne­ment sur la conscience. Lorsqu’on dit que le cer­veau pro­duit la conscience – ou ne la pro­duit pas – de quoi parle-t-on exac­te­ment ? De la dif­fé­rence, selon moi, entre la conscience et l’expérience de la conscience (voir l’article L’expérience consciente à ce sujet).

Posons la ques­tion autre­ment : a‑t-on besoin du néo­cor­tex pour faire l’expérience de notre plan de conscience habi­tuel, le plan men­tal ? Manifestement, oui. Mais a‑t-on besoin du néo­cor­tex pour faire l’expérience d’une conscience élar­gie, au-delà du plan men­tal ? Manifestement non, d’après l’expérience d’Eben Alexander. A l’inverse, le néo­cor­tex est-il un frein pour avoir l’expérience d’une telle conscience ? Manifestement non, d’après mon expé­rience. Si le cer­veau pro­duit sim­ple­ment, par l’intermédiaire du néo­cor­tex, notre expé­rience de la conscience, il n’en reste pas moins que la conscience sous-tend tout ce processus.

            

Un point de conscience solitaire

Pour ter­mi­ner, je vou­drais pré­ci­ser qu’une contro­verse existe quant au fait qu’Eben Alexander aurait été plon­gé dans le coma non pas par la ménin­gite, ain­si qu’il le raconte dans son livre, mais par l’équipe médi­cale, lorsqu’il est arri­vé aux urgences. De même, il dit avoir fait une EMI, ce que cer­tains spé­cia­listes contestent, car sa des­crip­tion ne cadre pas avec les récits habi­tuels des per­sonnes rap­por­tant ce genre de faits.

conscience-souvenirsPour ma part, qu’il ait été plon­gé dans le coma arti­fi­ciel­le­ment ou non, et qu’il ait fait une EMI ou pas, ne change pas grand-chose à l’affaire. Ce n’est pas mon pro­pos de par­ler de coma ou d’EMI, puisque je n’ai expé­ri­men­té ni l’un ni l’autre. Mon pro­pos est de par­ler du fait que notre exis­tence ne se résume pas à notre acti­vi­té céré­brale et men­tale. Mon pro­pos est de par­ler d’une conscience élar­gie, à laquelle nous avons accès.

Et ce qui m’intéresse dans l’expérience d’Eben Alexander est qu’il en soit arri­vé à se consi­dé­rer comme un « point de conscience soli­taire » [6], une conscience sans mémoire et sans iden­ti­té. Pour moi, la seule rai­son qui puisse ame­ner un homme, qui plus est si car­té­sien, à faire ce genre de décla­ra­tion – et à la rendre publique – est d’en avoir indé­nia­ble­ment fait l’expérience, quelles qu’en aient été les cir­cons­tances exactes. Et d’en avoir fait l’expérience jusqu’à en bou­le­ver­ser sa vision des choses, de la conscience et de la vie.

                  

Quid de la science ?

Finalement, ce que je trouve très beau dans son his­toire, c’est que son expé­rience ne l’a pas cou­pé de la science pour autant. Au contraire, il l’envisage avec ouver­ture. Pour lui « tous les suc­cès scien­ti­fiques et tech­no­lo­giques du 20ème siècle inva­lident la concep­tion maté­ria­liste du monde car ils n’ont abso­lu­ment rien à dire quant au méca­nisme de créa­tion de la conscience par le cer­veau phy­sique » [7].

Et pour cause… Pourtant, il explique :

 

« Je reste autant scien­ti­fique que je l’ai tou­jours été, mais il s’agit de Science avec un grand « S », Science qui cherche à connaître la véri­té sur notre exis­tence. Il y a cer­tains aspects de la méthode scien­ti­fique qui peuvent nous aider mais la méthode scien­ti­fique, de par sa concep­tion même, est extrê­me­ment limi­tée et ne peut révé­ler que de petites facettes de la réa­li­té » [8].

 

Il m’a en effet sem­blé per­ti­nent de ques­tion­ner la méthode scien­ti­fique, en lien avec la conscience. Et vous pou­vez lire à ce pro­pos l’article Objectivité et sub­jec­ti­vi­té : la per­cep­tion uni­fiée.

               

                   

                  


Notes et références
    

[1] ALEXANDER Eben, La preuve du para­dis, Paris : Editions Trédaniel, 2013.
[2] ALEXANDER Eben. (2013). Dr Eben Alexander : un neu­ro­chi­rur­gien apporte des preuves scien­ti­fiques de son EMI. In : La télé de Lilou
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] Ibid.

              




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