Votre cerveau est-il vraiment nécessaire ?
24 SEPTEMBRE 2019 (mis à jour le 14 octobre 2023)
Table des matières
En janvier 2013, plusieurs conférences organisées par l’Institut Mind and Life [1] ont eu lieu en Inde, en présence du Dalaï Lama. L’une d’entre elles a vu l’intervention de Geshe Dadul Namgyal [2], un important chercheur dans le domaine du bouddhisme tibétain. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le bouddhisme et la philosophie. Il a rapporté que des états de conscience ont été observés chez des personnes souffrant de dysfonctionnements au niveau de cerveau, notamment d’anencéphalie et d’hydrocéphalie.
Les nouveau-nés touchés par l’anencéphalie présentent habituellement plusieurs handicaps : surdité, cécité, inaptitude à ressentir la douleur… Ils sont généralement non viables en cas d’absence totale de l’encéphale. En revanche, ils peuvent vivre quelques jours si celui-ci est formé. Dans ce cas, c’est la présence du tronc cérébral qui assure la respiration et l’activité cardio-vasculaire.
Conscience sans cerveau
Ce fut le cas pour Nickolas Coke, un nouveau-né qui a survécu plus de trois ans sans l’aide d’aucun docteur ni d’aucun tube. Il a même fini par sourire, rire, montrer des émotions, et donc des signes de conscience. Comment cela a-t-il été possible si son cerveau était inexistant ?
Geshe Dadul Namgyal a rapporté également les recherches du neurologue britannique John Lorber sur l’hydrocéphalie. Celle-ci se caractérise par un excès de liquide cérébro-spinal dans les ventricules du cerveau, se traduisant pour la plupart des patients qui en souffrent par des incapacités physiques et intellectuelles.
Cependant, un nombre significatif de patients semblent échapper à ces déficiences fonctionnelles en dépit d’une structure cérébrale exagérément anormale. Dans 10% des cas, l’expansion ventriculaire remplie 95% du crâne. Pourtant, la moitié de ces patients ont un QI supérieur à 100. C’est le cas notamment d’un étudiant britannique dont le QI est de 126 et qui est parfaitement adapté socialement, bien qu’il n’ait pour ainsi dire pas de cerveau. Après avoir compilé de nombreuses données, John Lorber a donné une conférence au titre habilement provocateur : « Votre cerveau est-il vraiment nécessaire ? » [3].
Le neuroanatomiste Adrian Bower, qui s’est intéressé à ses travaux, rappelle toutefois que « bien que le travail de Lorber ne démontre pas que nous n’avons pas besoin de cerveau, il montre que le cerveau peut fonctionner dans des conditions qu’on aurait cru impossibles » [4]. Ni l’un ni l’autre n’évoquent de lien avec la conscience, mais on peut tout de même se demander comment est reçue, traitée et restituée l’information en l’absence d’une grande partie du cerveau ?
Mort (ou pas)
Des souvenirs impossibles ?
Le cas des Expériences de Mort Imminente (EMI) est également intéressant à mentionner. En effet, de nombreuses personnes ont témoigné d’un état de conscience alors même qu’aucune activité de leur cerveau n’avait été enregistrée. Plusieurs de ces témoignages ont été compilés par le cardiologue Pim Van Lommel dans son livre « Mort ou pas ? » [5], paru en 2012. Bien qu’il ait suivi une formation tout à fait classique dans sa discipline, ce spécialiste des EMI a néanmoins, au fil du temps, laissé sa curiosité scientifique l’emporter sur son savoir universitaire. Et ce jusqu’à en arriver à considérer que la conscience n’est pas un produit du cerveau.
Il explique ainsi que lors d’un arrêt du cœur, toute activité cérébrale – c’est-à-dire toute activité des structures censées produire la conscience – cesse au bout de 15 secondes. Pourtant, certaines personnes peuvent témoigner d’une expérience de conscience, bien que les souvenirs liés à cette expérience ne puissent être stockés dans leur cerveau. Ainsi, elles peuvent parfois rapporter des conversations qu’il leur est, en théorie, non seulement impossible d’avoir entendues mais dont elles ne devraient pas non plus être en mesure de se souvenir.
A quoi sert le cerveau ?
C’est ce qui fait dire à Pim Van Lommel que le cerveau ne produit pas la conscience :
« Je pense que le cerveau joue un rôle de facilitateur. Il nous permet de faire l’expérience de notre conscience éveillée. Mais elle n’est pas produite par lui, tout comme les millions de sites que l’on trouve sur le web ne sont pas produits par votre ordinateur mais reçus et transmis par lui.
Vous pouvez comparer votre cerveau à une caméra de télévision, qui code des images et des sons en informations électromagnétiques qui pourront ensuite être décodés. Coder et décoder, c’est ce que fait le cerveau. Pour faire l’expérience de la conscience éveillée, nous avons besoin d’un cerveau en état de marche.
Mais la conscience n’est pas localisée dans le cerveau, elle a un aspect non-local, c’est-à-dire hors de l’espace et du temps. C’est à cette conclusion que je suis arrivé à partir du contenu des EMI. »
PIM VAN LOMMEL [6]

Deux témoignages inspirants
Deux histoires confirment également, à leur manière, cette vision des choses. Elles ont la particularité de relater des expériences vécues par des scientifiques spécialistes du cerveau, Jill Bolte Taylor et Eben Alexander. Ils ont été amenés, chacun dans des circonstances différentes, à remettre leurs certitudes en question, notamment le fait que la conscience se limite à l’expérience « mentale » que l’on en a. Leur vision des relations entre le cerveau et la conscience, et par conséquent leur vision de la vie, s’en sont trouvées radicalement modifiées. Leur témoignage apporte un éclairage inspirant sur la nature de la conscience.
Qui plus est, leurs expériences parlent avant tout d’amour. Jill Bolte Taylor et Eben Alexander ont trouvé leur propre porte d’accès à ce sentiment. Raison de plus pour que je partage leur histoire sur ce blog…
Lire l’histoire de Jill Bolte Taylor
Lire l’histoire d’Eben Alexander
Notes & références
[1] L’institut Mind & Life est un institut américain dont le but est de favoriser un apport réciproque entre le bouddhisme et la science, et notamment de montrer les effets neurologiques de la méditation.
[2] NAMGYAL Geshe Dadul. (2013, 19 janvier). Neurosciences, neuroplasticité, bouddhisme, In : Fleurs du dharma, Mind and Life XXVI – Esprit, cerveau et matière
[3] LEWIN Roger. (1980, 12 décembre). Is your brain really necessary ? In : Science, VOL. 210, traduction libre, p.1232
[4] Ibid, p.1234
[5] VAN LOMMEL Pim, Mort ou pas ? Les dernières découvertes médicales sur les EMI, Paris : Inter Editions, Collection Nouvelles évidences, 2012.
[6] VAN LOMMEL Pim. (2010, 23 décembre). Conscience et cerveau : le point de vue d’un cardiologue. In : INREES – Inexploré
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