Sortir du mental : la passion de l'âme
2 MARS 2023
Table des matières
Dans l’article précédent, j’ai passé en revue les différentes stratégies que le cerveau-mental déploie en boucle pour rester à l’intérieur de lui-même. Comme s’il était (re)programmé pour errer sans fin dans un labyrinthe. Nous avons vu que le cerveau-mental s’est coupé de l’âme. Que se passerait-il si celle-ci revenait sur le devant de la scène ? Irions-nous au-delà du mental ? C’est ce que je vous propose d’explorer ici.
Aux frontières du mental
Tout a commencé par un rêve. Un rêve dans lequel je me suis libérée d’une programmation mentale, peut-être la plus sournoise : celle qui ne nous permet pas de prendre conscience que l’on peut aller au-delà du mental…
J’ai cependant réalisé à la suite de ce rêve – par une association d’idées dont seul le mental a le secret – que je n’en étais pas à ma première tentative d’évasion ! Il y en eu de nombreuses, faites depuis l’intérieur du mental. Autant dire qu’elles ont toutes été vaines. Et puis il y a eu celle, spectaculaire, où mon mental a été pris par surprise : voilà pourquoi elle a fonctionné. Elle s’est produite lors d’une rupture d’anévrisme, il y a quelques années. J’ai alors vécu une expansion de conscience qui a littéralement forcé mon mental à se désengager de ma conscience [1].
Du conformisme mental à la percée de l’âme
Le mental adore se conformer, c’est la base même de son fonctionnement. Mais le conformisme n’est pas dans la nature de l’âme. Si bien qu’arrive un moment où quelque chose est obligé de changer. Ma manière de composer avec ce paradoxe – me conformant en apparence tout en me ménageant une sortie de secours en coulisses – a été de permettre à un anévrisme de se développer dans mes méninges, tel un garde-fou silencieux. Puis arriva ce qui arriva…
Lors de la rupture de l’anévrisme, tout s’est passé comme si j’avais observé en accéléré les tentatives désespérées de mon mental de mettre en place ses stratégies… jusqu’à ce qu’il soit bien obligé de reconnaître ses limites. La soudaineté et l’urgence de la situation ont éclipsé toute distraction, ne lui laissant d’autre choix que de se focaliser sur ce qui se passait. Faute de pouvoir y associer un événement similaire pour savoir quoi faire, il a finalement été poussé dans ses derniers retranchements… Temporairement du moins. Le mental étant le mental, il n’abandonne en effet pas si facilement.
Mais une graine de conscience fut plantée cette nuit-là. Comme une percée de l’âme. La réalisation claire et sans équivoque que je ne suis pas piégée dans cette réalité.
Mon cerveau-mental n’étant pas en mesure de reproduire cette spectaculaire évasion (et heureusement !), j’ai dû emprunter un autre chemin pour m’échapper. Tout ce que je savais alors, c’est que j’étais très engagée à aller au-delà de mon mental et à ne plus le laisser me ramener à l’intérieur de lui. Je voulais inviter mon âme dans cette réalité. J’ai franchi une nouvelle étape grâce au rêve du labyrinthe. En fait, je pense même que c’est mon mental qui a franchi une nouvelle étape, comme s’il avait lui-même décidé d’ouvrir la porte de sa prison…
L’épanouissement de l’âme
Ma prise de conscience s’est ainsi déroulée en deux temps. Avec la rupture d’anévrisme, j’ai réalisé que l’âme peut, en certaines circonstances particulières, montrer au mental ses limites. Le rêve m’a quant à lui enseigné que le cerveau-mental finira par s’observer lui-même et par s’écarter délibérément du chemin choisi par l’âme. Il deviendra dès lors un allié pour elle ici-bas.
Dans toute cette histoire, il est question de permission et, vous l’aurez compris, elle ne viendra jamais du mental…! Le véritable processus du permettre vient de l’âme, et lorsque ce processus est suffisamment mature, le cerveau-mental s’observe et reconnaît qu’il y a beaucoup plus que cette réalité.
L’âme ne fonctionne pas comme le mental, elle n’est pas logique ou rationnelle. Elle n’a pas besoin de temps ou d’espace. Le cerveau-mental est comme un système d’exploitation de l’information, mais l’âme, c’est notre Moi profond. C’est elle qui amène la prise de conscience. L’âme distille en sagesse chaque expérience que nous avons, en filtrant les émotions et les jugements qui y sont attachés.
Elle envoie comme des impulsions au mental afin que l’humain réalise qu’il a besoin d’aller au-delà du mental pour évoluer. Si tel est son choix.
Sur le plan collectif
Une fois que notre propre cerveau-mental s’est observé, il observe différemment les autres. Une chose qui me trouble plus que tout, c’est le déséquilibre mental qui règne alentour. J’ai parfois l’impression que la planète est au bord de la dépression nerveuse. J’observe que beaucoup de personnes sont sur une espèce de plan dimensionnel très mental, alors que d’autres sont en train de sortir de ce plan.
Les personnes encore ancrées dans le mental sont-elles prêtes à changer ? A se libérer ? Et si oui, d’où provient leur désir de liberté ? Sont-elles conscientes que s’il vient du mental, il ne pourra pas réellement aboutir ? Il est possible que ce qui provoquera réellement un changement chez ces personnes soit finalement le trop plein de souffrance. Le changement arrivera au moment où elles ne se diront plus « j’en ai assez de souffrir » mais « j’en ai assez d’en avoir assez de souffrir ».
Tous les êtres qui choisissent de sortir du mental envoient une lumière, un signal à la planète, indiquant qu’il existe d’autres moyens de faire. Les autres pourront être d’accord ou pas avec cela, mais il y a d’autres moyens de faire. Il est possible d’aller au-delà du mental.
Au-delà du mental
Grâce à la permission impulsée par l’âme se crée l’ouverture qui fait quitter au mental son trône de roi. Graduellement, le mental reste de côté et l’âme peut prendre la place qui lui revient.
Voilà ce qui semble se passer : le côté droit du cerveau, qui a toujours été présent mais refoulé [2], le côté droit du cerveau est désormais en train de s’avancer. De lui vient la capacité de se connecter et de communiquer avec l’âme, sans faire usage des mots, du temps ou de l’espace. Il permet de percevoir les réalités de manière beaucoup plus grande et plus large que jamais [3].
Quand le cerveau-mental ouvre la porte, c’est comme s’il disait « désormais je serai toujours avec l’âme ». Et ce moment ne peut arriver que lorsque le mental a appris à nous faire confiance en tant qu’être doté d’une âme. Alors, petit à petit, il ne limite plus ce qui nous traverse, comme par exemple l’intuition et la créativité.
L’ intuition
A mesure que le mental est en train de se retirer, de s’écarter, nous commençons à nous réouvrir à notre compréhension intuitive, à travers laquelle nous n’avons pas besoin de mots. Nous n’avons plus besoin de qualia nous permettant de faire des associations avec quelque chose que le mental peut reconnaître. Alors, il n’y a plus de tentative de prise de contrôle, le mental passe en mode coopératif avec l’âme.
Tout cela est progressif, il faudra sans doute un peu de patience avant de pouvoir travailler avec une sorte de connaissance intuitive naturelle qui aille au-delà des définitions du mental. Il faudra encore un peu de temps à l’âme pour qu’elle soit fluide, qu’elle fusionne avec les activités neuronales du cerveau et les activités émotionnelles du mental.
La créativité
L’âme vient d’un milieu créatif, mais très souvent la créativité est éclipsée par le mental. Cependant, de plus en plus, celui-ci nous laissera nous ouvrir à tout ce que nous sommes, à tous nos flux d’énergie, à tous nos potentiels. Il nous offrira une véritable expérience énergétique, plutôt que d’essayer de mettre les choses sous une forme ou sous une autre.
Alors, soudain, une véritable créativité nous arrivera, venant de notre âme. Nous réaliserons qu’il existe des moyens créatifs et des moyens amusants de prendre en main tout chose. Nous n’obtiendrons plus nécessairement les mêmes réponses parce qu’elles ne viendront plus de notre cerveau-mental limité. Nous réaliserons enfin la profondeur de notre véritable expérience créative ici sur la planète.
La perception naturelle
Notre véritable désir, c’est de revenir à notre état naturel, qui est multidimensionnel.
Le mental est entraîné à refouler nos perceptions énergétiques. Il ne sait que construire et limiter, mais il apprendra progressivement à laisser place à l’âme. Celle-ci possède un flux naturel, qui permet à notre énergie de circuler, de s’écouler facilement. Dans ce flux, il n’y a plus d’associations qualia à faire, il n’y a pas d’agrégation mentale d’images afin de créer la réalité. Ce n’est pas tout simplement pas comme cela que l’énergie fonctionne. L’énergie va et vient, si vite que le mental n’a pas le temps d’appréhender cette dynamique.
Ainsi, y a-t-il beaucoup plus d’informations et d’énergies que ce à quoi le mental a accès. Notre état naturel est de percevoir, grâce à l’âme, ces différents niveaux et strates, ces modèles énergétiques. Finalement, l’énergie est simplement une communication de l’âme [4], le chant de l’âme qui se réjouit constamment d’exister.
Revenir à la perception naturelle, c’est aussi avoir une perception différente de nous-mêmes. Parce que notre identité profonde ne vient pas du mental. Elle vient de l’âme. Arrive alors un moment où, bien que nous continuions à nous expérimenter à la fois de l’intérieur et de l’extérieur [5], nous n’avons plus besoin du feed-back des autres pour nous comprendre. Notre perception de nous-mêmes devient la seule vérité. C’est ce qu’elle a toujours été.
Quand même la porte s’estompe
Mon mental a pour ainsi dire franchi une porte lors du rêve du labyrinthe. Mais il se pourrait qu’il n’y ait en fait aucune porte à franchir pour nous retrouver à nouveau dans notre état naturel. Parce qu’il n’y a pas de séparation. Tout est ici-même. Tout se passe simultanément.
Lorsque le mental sera à sa place et à sa position légitimes, cela permettra à ce que l’on pourrait appeler les énergies divines de passer. Ainsi pourrons-nous vivre et faire des expériences dans de multiples réalités.
Au-delà du mental, mais toujours dans l’équilibre
L’étape suivante est de pouvoir retourner à volonté et selon notre désir dans la conscience de masse. Être en même temps dans la conscience de masse et hors de la conscience de masse, ou uniquement dans cette conscience ou uniquement hors de cette conscience. L’idée est de réaliser que nous n’y sommes plus piégés.
Nous pourrions également réaliser que nous sommes en permanence équilibré. Nous n’avons plus besoin de passer par notre mental pour conserver notre équilibre, parce que le cerveau-mental n’a plus besoin d’avoir un contrôle étroit sur tout ce qui le traverse. Il ne nous a d’ailleurs jamais contrôlé au sens propre, nous lui avons cédé le contrôle. D’ailleurs, quiconque cherche à aller dans d’autres réalités à partir d’un lieu de pouvoir ou de contrôle, sans sagesse, sera déséquilibré et instable dans la réalité humaine.
Pour les autres, le mental sera maintenant toujours là, en tant que processeur d’énergies et d’informations, afin de créer l’illusion des réalités dans lesquelles nous évoluons. Mais il ne limitera plus ce qui nous traverse.
Et surtout, enfin, nous n’aurons plus besoin de notre mental pour nous valider.
Notes & références
[1] Lire Mon histoire pour connaître les détails de cette aventure.
[2] J’en sais quelque chose, lui qui est prédominant chez les gauchers (voir l’article précédent), même s’il reste en grand partie en sommeil y compris chez ces personnes, attendant qu’elles soient prêtes.
[3] Voir l’histoire de Jill Bolte Taylor sur son expérience du cerveau droit.
[4] Si vous souhaitez avoir le point de vue de la physique sur le fait que l’énergie est une communication, vous pouvez consulter l’article L’énergie est communication.
[5] C’est la dynamique de la prise de conscience. Elle est basée sur un double mouvement : vers l’extérieur (l’observation) et vers l’intérieur (le retour d’expérience), offrant ainsi à l’être humain l’incroyable possibilité de s’expérimenter à la fois de l’extérieur et de l’intérieur.
[6] Je vous invite à regarder l’interview très inspirante de la psychanalyste, philosophe et auteure Eve Bertelle qui, étonnement, utilise aussi l’image du labyrinthe et parle du chemin de l’âme.
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