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Mise à jour : 14 février 2020

Votre cerveau est-il vraiment nécessaire ? 1/3

cerveau-conscience

En jan­vier 2013, plu­sieurs confé­rences orga­ni­sées par l’Institut Mind and Life [1] ont eu lieu en Inde, en pré­sence du Dalaï Lama. L’une d’entre elles [2] a vu l’in­ter­ven­tion de Geshe Dadul Namgyal, un impor­tant cher­cheur dans le domaine du boud­dhisme tibé­tain. Il est l’au­teur de plu­sieurs livres sur le boud­dhisme et la phi­lo­so­phie. Il a rap­por­té que des états de conscience ont été obser­vés chez des per­sonnes souf­frant de dys­fonc­tion­ne­ments au niveau de cer­veau, notam­ment d’anencéphalie et d’hydrocéphalie.

Les nouveau-nés tou­chés par l’anen­cé­pha­lie pré­sentent habi­tuel­le­ment plu­sieurs han­di­caps : sur­di­té, céci­té, inap­ti­tude à res­sen­tir la dou­leur… Ils sont géné­ra­le­ment non viables en cas d’absence totale de l’en­cé­phale. En revanche, ils peuvent vivre quelques jours si celui-ci est for­mé. Dans ce cas, c’est la pré­sence du tronc céré­bral qui assure la res­pi­ra­tion et l’ac­ti­vi­té cardio-vasculaire.

                  

Conscience sans cerveau

Ce fut le cas pour Nickolas Coke, un nouveau-né qui a sur­vé­cu plus de trois ans sans l’aide d’au­cun doc­teur ni d’aucun tube. Il a même fini par sou­rire, rire, mon­trer des émo­tions, et donc des signes de conscience. Comment cela a‑t-il été pos­sible si son cer­veau était inexistant ?

Geshe Dadul Namgyal a rap­por­té éga­le­ment les recherches du neu­ro­logue bri­tan­nique John Lorber sur l’hydrocéphalie. Celle-ci se carac­té­rise par un excès de liquide cérébro-spinal dans les ven­tri­cules du cer­veau, se tra­dui­sant pour la plu­part des patients qui en souffrent par des inca­pa­ci­tés phy­siques et intel­lec­tuelles.

Cependant, un nombre signi­fi­ca­tif de patients semblent échap­per à ces défi­ciences fonc­tion­nelles en dépit d’une struc­ture céré­brale exa­gé­ré­ment anor­male. Dans 10% des cas, l’ex­pan­sion ven­tri­cu­laire rem­plie 95% du crâne. Pourtant, la moi­tié de ces patients ont un QI supé­rieur à 100. C’est le cas notam­ment d’un étu­diant bri­tan­nique dont le QI est de 126 et qui est par­fai­te­ment adap­té socia­le­ment, bien qu’il n’ait pour ain­si dire pas de cer­veau. Après avoir com­pi­lé de nom­breuses don­nées, John Lorber a don­né une confé­rence au titre habi­le­ment pro­vo­ca­teur : « Votre cer­veau est-il vrai­ment néces­saire ? » [3].

Le neu­roa­na­to­miste Adrian Bower, qui s’est inté­res­sé à ses tra­vaux, rap­pelle tou­te­fois que « bien que le tra­vail de Lorber ne démontre pas que nous n’a­vons pas besoin de cer­veau, il montre que le cer­veau peut fonc­tion­ner dans des condi­tions qu’on aurait cru impos­sibles » [4]. Ni l’un ni l’autre n’évoquent de lien avec la conscience, mais on peut tout de même se deman­der com­ment est reçue, trai­tée et res­ti­tuée l’information en l’absence d’une grande par­tie du cerveau ?

                 

Mort (ou pas)

Des souvenirs impossibles ?

Le cas des Expériences de Mort Imminente (EMI) est éga­le­ment inté­res­sant à men­tion­ner. En effet, de nom­breuses per­sonnes ont témoi­gné d’un état de conscience alors même qu’aucune acti­vi­té de leur cer­veau n’avait été enre­gis­trée. Plusieurs de ces témoi­gnages ont été com­pi­lés par le car­dio­logue Pim Van Lommel dans son livre « Mort ou pas ? » [5], paru en 2012. Bien qu’il ait sui­vi une for­ma­tion tout à fait clas­sique dans sa dis­ci­pline, ce spé­cia­liste des EMI a néan­moins, au fil du temps, lais­sé sa curio­si­té scien­ti­fique l’emporter sur son savoir uni­ver­si­taire. Et ce jusqu’à en arri­ver à consi­dé­rer que la conscience n’est pas un pro­duit du cer­veau.

Il explique ain­si que lors d’un arrêt du cœur, toute acti­vi­té céré­brale – c’est-à-dire toute acti­vi­té des struc­tures cen­sées pro­duire la conscience – cesse au bout de 15 secondes. Pourtant, cer­taines per­sonnes peuvent témoi­gner d’une expé­rience de conscience, bien que les sou­ve­nirs liés à cette expé­rience ne puissent être sto­ckés dans leur cer­veau. Ainsi, elles peuvent par­fois rap­por­ter des conver­sa­tions qu’il leur est, en théo­rie, non seule­ment impos­sible d’avoir enten­dues mais dont elles ne devraient pas non plus être en mesure de se souvenir.

                  

A quoi sert le cerveau ?

C’est ce qui fait dire à Pim Van Lommel que le cer­veau ne pro­duit pas la conscience :

 

encodage-decodage-cerveau« Je pense que le cer­veau joue un rôle de faci­li­ta­teur. Il nous per­met de faire l’expérience de notre conscience éveillée. Mais elle n’est pas pro­duite par lui, tout comme les mil­lions de sites que l’on trouve sur le web ne sont pas pro­duits par votre ordi­na­teur mais reçus et trans­mis par lui. Vous pou­vez com­pa­rer votre cer­veau à une camé­ra de télé­vi­sion, qui code des images et des sons en infor­ma­tions élec­tro­ma­gné­tiques qui pour­ront ensuite être déco­dés. Coder et déco­der, c’est ce que fait le cer­veau. Pour faire l’expérience de la conscience éveillée, nous avons besoin d’un cer­veau en état de marche. Mais la conscience n’est pas loca­li­sée dans le cer­veau, elle a un aspect non-local, c’est-à-dire hors de l’espace et du temps. C’est à cette conclu­sion que je suis arri­vé à par­tir du conte­nu des EMI. » [6]

 

 

Deux témoignages inspirants

Deux his­toires confirment éga­le­ment, à leur manière, cette vision des choses. Elles ont la par­ti­cu­la­ri­té de rela­ter des expé­riences vécues par des scien­ti­fiques spé­cia­listes du cer­veau, Jill Bolte Taylor et Eben Alexander. Ils ont été ame­nés, cha­cun dans des cir­cons­tances dif­fé­rentes, à remettre leurs cer­ti­tudes en ques­tion, notam­ment le fait que la conscience se limite à l’expérience « men­tale » que l’on en a. Leur vision des rela­tions entre le cer­veau et la conscience, et par consé­quent leur vision de la vie, s’en sont trou­vées radi­ca­le­ment modi­fiées. Leur témoi­gnage apporte un éclai­rage ins­pi­rant sur la nature de la conscience.

Qui plus est, leurs expé­riences parlent avant tout d’amour. Jill Bolte Taylor et Eben Alexander ont trou­vé leur propre porte d’accès à ce sen­ti­ment. Raison de plus pour que je par­tage leur his­toire sur ce blog…

Lire l’his­toire de Jill Bolte Taylor
Lire l’his­toire d’Eben Alexander

                

                    

                


Notes et références
    

[1] L’institut Mind & Life est un ins­ti­tut amé­ri­cain dont le but est de favo­ri­ser un apport réci­proque entre le boud­dhisme et la science, et notam­ment de mon­trer les effets neu­ro­lo­giques de la médi­ta­tion
[2] NAMGYAL Geshe Dadul. (2013, 19 jan­vier). Neurosciences, neu­ro­plas­ti­ci­té, boud­dhisme, In : Fleurs du dhar­ma, Mind and Life XXVI – Esprit, cer­veau et matière
[3] LEWIN Roger. (1980, 12 décembre). Is your brain real­ly neces­sa­ry ? In : Science, VOL. 210, tra­duc­tion libre, p.1232
[4] Ibid, p.1234
[5] VAN LOMMEL Pim, Mort ou pas ? Les der­nières décou­vertes médi­cales sur les EMI, Paris : Inter Editions, Collection Nouvelles évi­dences, 2012.
[6] VAN LOMMEL Pim. (2010, 23 décembre). Conscience et cer­veau : le point de vue d’un car­dio­logue. In : INREES — Inexploré

            




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