Mise à jour : 5 février 2020

L’univers est-il déterministe ? 1/2

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Selon les lois de la phy­sique clas­sique, le déter­mi­nisme implique que tout évé­ne­ment se pro­duise en fonc­tion de l’enchaînement des évé­ne­ments qui l’ont pré­cé­dé. Le déter­mi­nisme ne laisse place à aucun choix, la consé­quence étant dépen­dante, com­plé­men­taire et iné­luc­table de la cause.

On peut cepen­dant ne pas tou­jours avoir conscience du prin­cipe de cau­sa­li­té à l’œuvre. C’est le cas lorsque nous ne dis­tin­guons pas toutes les causes qui ont engen­dré un effet. Ou lorsque le temps qui s’écoule entre une cause et son effet est si long que nous ne per­ce­vons pas le lien entre les deux. Le cas d’une rup­ture d’anévrisme [1] est inté­res­sant à obser­ver de ce point de vue. C’est ce que je vous pro­pose de décou­vrir dans cet article !

             

Conscience et déterminisme

Une rup­ture d’anévrisme est l’illustration même d’un évé­ne­ment dont la cause existe mais reste inac­ces­sible jusqu’à ce qu’une mani­fes­ta­tion phy­sique per­cep­tible se pro­duise – par exemple un mal de tête dû à l’hémorragie – et qu’un scan­ner en déter­mine l’origine. L’hémorragie est aus­si sou­daine que le temps entre la for­ma­tion de l’anévrisme et sa rup­ture peut être long.

scanner-cerebralAinsi, à moins qu’un exa­men anté­rieur n’en ait révé­lé l’existence, l’information « ané­vrisme » peut res­ter incons­ciente très long­temps. Elle n’arrivera mal­heu­reu­se­ment au niveau conscient qu’au moment où il se rompt. Si, à ce moment-là, un scan­ner éta­blit alors immé­dia­te­ment la rela­tion de cause à effet, en amont de la chaîne des évé­ne­ments, on s’aperçoit que la cau­sa­li­té est moins évi­dente à déterminer.

Selon le neu­ro­chi­rur­gien qui s’est occu­pé de moi, la méde­cine ne peut pas à l’heure actuelle expli­quer pour­quoi un ané­vrisme se forme, ni pour­quoi il se rompt… ou pas. Surtout en ce qui concerne les per­sonnes qui, comme moi, ne font état d’aucun fac­teur aggra­vant. Nous ne pou­vons donc pas asso­cier de cause à ces évé­ne­ments. Est-ce pour autant qu’ils sont acausaux ?

Deux illu­sions nous guettent ici. La pre­mière consiste à dire que ces évé­ne­ments sans cause appa­rente sortent pure­ment et sim­ple­ment du cadre déter­mi­niste. Sans faire de dis­tinc­tion entre « il n’y a pas de cause » et « il y a une cause mais ma conscience n’y a pas accès ». La seconde consiste à dire que quoi qu’il arrive, tout est sou­mis uni­que­ment au déter­mi­nisme. Dans ce cas, peu importe que ma conscience ait accès ou pas à la cause, le prin­cipe de cau­sa­li­té s’applique en toutes circonstances.

Serait-ce en fait notre état de conscience – ou d’inconscience – qui modi­fie­rait notre per­cep­tion du déter­mi­nisme ?

 

Un déterminisme en trompe l’œil

determinisme-indeterminismeSelon le phi­lo­sophe des sciences Michel Bitbol, l’état cog­ni­tif du cer­veau et l’état du monde sont indé­ter­mi­nés jusqu’à ce qu’ils entrent en rela­tion. Il existe une codé­ter­mi­na­tion de l’un par l’autre. Tout comme en phy­sique quan­tique les objets n’ont pas de pro­prié­tés ondu­la­toires ou cor­pus­cu­laires intrin­sèques [2], mais révèlent l’un ou l’autre de ces états en rela­tion avec le contexte de la mesure :

 

« Les com­por­te­ments propres [qui nous amènent à adop­ter des conduites bien déter­mi­nées] dépendent de l’in­te­rac­tion avec le monde, ils ne sont pas pré-codés de quelque façon que ce soit dans la dyna­mique du cer­veau et de la cog­ni­tion. » [3]

 

Autrement dit, la cog­ni­tion ne fonc­tionne pas comme un algo­rithme. Pour le phi­lo­sophe, la puis­sance de l’analogie avec la phy­sique quan­tique réside dans cet ensei­gne­ment : tout est dans un état de super­po­si­tion, de non déter­mi­na­tion initiale.

Au contraire, les modèles stan­dards du cog­ni­ti­visme consi­dèrent que tout est déjà enco­dé. Et dans ce cas, seules cette pro­gram­ma­tion, cette pré­dé­ter­mi­na­tion, cette mémoire du cer­veau pour­ront être révé­lées dans telle ou telle situa­tion. C’est d’ailleurs sur ce modèle que fonc­tionne l’intelligence arti­fi­cielle. Il n’y a rien d’étonnant à cela : l’homme repro­duit sim­ple­ment ce qu’il connaît. Cependant, pour riva­li­ser avec la cog­ni­tion humaine, il fau­drait que les robots soient enco­dés avec « toutes les infor­ma­tions néces­saires pour répondre à toutes les situa­tions infi­ni­ment variées que l’on peut ren­con­trer dans un monde concret » [4] pré­cise Michel Bitbol.

Selon lui, la dif­fé­rence entre un ordi­na­teur et notre cog­ni­tion tient au fait que l’ordinateur ne pour­ra jamais se confor­mer qu’à des don­nées pré­dé­ter­mi­nées là où la cog­ni­tion humaine ne se déter­mine qu’au moment où elle ren­contre une situa­tion. Alors « quelque chose cris­tal­lise et on exprime une cer­taine dis­po­si­tion à agir qui n’é­tait pas actua­li­sée jusque-là » [5] ajoute-t-il.

              

Cognition humaine : 1 – Intelligence artificielle : 0

Voyons si ce point de vue est encore per­ti­nent dans la théo­rie du champ uni­fié. Selon Nassim Haramein, il existe un sys­tème vivant et dyna­mique qui encode à chaque ins­tant chaque quan­ti­té élé­men­taire d’information : l’Univers. Par l’intelligence arti­fi­cielle, l’homme repro­dui­rait donc la manière dont l’Univers apprend… sans pour autant avoir for­cé­ment conscience de son acte.

intelligence-artificielleL’objectif du pro­jet « Million Object Challenge » [6], par exemple, est de par­ta­ger dans un « cloud » acces­sible à tous les robots par­ti­ci­pants les appren­tis­sages de cha­cun. Ainsi, tous béné­fi­cient en temps réel des décou­vertes des autres. Si le cloud est aux robots ce que le vide quan­tique est à chaque point de conscience qui com­pose l’Univers, la com­pa­rai­son avec l’intelligence arti­fi­cielle s’arrête là. Parce que les robots n’utilisent qu’une quan­ti­té infi­ni­ment res­treinte d’informations pour inter­agir : celles pro­ve­nant du monde méca­niste et non pas toutes celles issues du vide quantique.

Les infor­ma­tions du vide quan­tique se répar­tissent aus­si bien dans le champ de la conscience humaine que dans le champ de l’inconscient. Autrement dit, il y a beau­coup plus d’informations enco­dées dans le vide quan­tique qu’on ne pour­ra jamais en enco­der dans un robot. Le robot ne peut être ali­men­té que par des infor­ma­tions du monde concret, c’est-à-dire de ce qui s’est un jour révé­lé à la conscience humaine. Il ne peut enco­der que ce qui est révé­lé et ne peut révé­ler que ce qui est encodé.

On pour­rait dire que c’est un sys­tème méca­nique de condi­tion­ne­ment tan­dis que l’Univers est un sys­tème vivant qui prend gra­duel­le­ment conscience de lui-même. A son échelle, l’être humain est relié aux champs conscient et incons­cient du vide quan­tique. Bien qu’il uti­lise en géné­ral incons­ciem­ment les infor­ma­tions qui s’y trouvent pour se déter­mi­ner, il aura tou­jours « une infor­ma­tion d’avance » sur le robot, dont l’apprentissage est entiè­re­ment prédéterminé.

                  

Tout est toujours en train de se déterminer

mouvement-fractalA prin­cipe d’encodage égal, l’être humain est donc très lar­ge­ment gagnant par rap­port à la quan­ti­té d’informations dont il dis­pose, infor­ma­tions aux­quelles il n’a cepen­dant pas for­cé­ment accès. Et à prin­cipe d’encodage égal, il n’en est pas moins vrai que la cog­ni­tion humaine ne se déter­mine qu’au moment où elle ren­contre une situa­tion. Parce qu’au­cune de ces ren­contres n’est jamais com­plè­te­ment sem­blable à une autre. Et ceci parce que l’être humain et l’univers, cha­cun à leur échelle, apprennent constam­ment sur eux-mêmes grâce au feed­back d’in­for­ma­tion qui lie la matière et le vide [7].

Tout est tou­jours en train de se déter­mi­ner. Chaque nou­velle infor­ma­tion fait bas­cu­ler le sys­tème d’un état déter­mi­né à un état non déter­mi­né. Et chaque ren­contre entre la cog­ni­tion et la situa­tion fait bas­cu­ler le sys­tème d’un état non déter­mi­né à un état déter­mi­né. Ainsi, la boucle de rétro­ac­tion est comme une danse entre le non déter­mi­nisme et le déterminisme.

En fait, la phy­sique uni­fiée décrite par Nassim Haramein rend obso­lète la phy­sique quan­tique telle que nous la connais­sons. Plutôt, elle pro­pose un modèle où le déter­mi­nisme a autant sa place que le non déter­mi­nisme, et ceci grâce aux frac­tales. Le phy­si­cien explique :

 

« Une équa­tion frac­tale est une répé­ti­tion d’une équa­tion qui est déter­mi­niste, mais quand vous la répé­tez elle se conver­tit en une retro-alimentation ouverte jusqu’à l’infini de sorte que vous avez un com­por­te­ment com­plè­te­ment non linéaire, non déter­mi­niste. Ainsi à par­tir d’une équa­tion très déter­mi­niste vous obte­nez un résul­tat non linéaire com­plexe, et vous jus­ti­fiez les deux côtés de l’Univers, la par­tie déter­mi­niste et la par­tie non déter­mi­niste. » [8]

                 

Elargir notre champ de conscience

Etant don­né que notre men­tal est aux prises avec l’enchaînement passé-présent-futur des évé­ne­ments, sa ten­dance sera de nous faire pen­ser l’Univers de façon déter­mi­niste uni­que­ment. Percevoir le côté non déter­mi­niste néces­site d’élar­gir notre champ de conscience.

De cette éman­ci­pa­tion dépend notre capa­ci­té à accé­der à une plus large part des infor­ma­tions conte­nues dans le vide quan­tique. Plus notre état de conscience est déve­lop­pé par rap­port au men­tal, plus nous avons une chance de rece­voir des infor­ma­tions justes, utiles et cohé­rentes. Et plus nous pou­vons mettre à dis­po­si­tion des autres ce type d’informations, par l’intermédiaire du vide.

En retour, nous rece­vons des infor­ma­tions ayant inter­agi avec les autres infor­ma­tions pré­sentes dans le champ quan­tique. Mais tou­jours en réso­nance [9] avec celles que nous avions envoyées au préalable.

Dans la deuxième par­tie de cet article, je vous pro­pose d’une part de décou­vrir com­ment notre état de conscience va de pair avec notre capa­ci­té à déco­der ces infor­ma­tions pour nous en ser­vir. Et d’autre part, en me basant sur mon expé­rience, ce que j’ai pu obser­ver de la dyna­mique entre l’encodage et le déco­dage des informations.

              

 

 


Points clés

  • L’état cog­ni­tif du cer­veau et l’état du monde sont indé­ter­mi­nés jusqu’à ce qu’ils entrent en relation.

  • L’univers est tou­jours en train de se déter­mi­ner par une boucle de rétro­ac­tion conti­nuelle entre le déter­mi­nisme et l’indéterminisme.

  • L’univers est un sys­tème vivant qui prend gra­duel­le­ment conscience de lui-même.

                   

                       

                       


 

Notes et références


[1] Lire Mon Histoire pour com­prendre pour­quoi j’ai choi­si cet exemple impro­bable.
[2] Voir à ce sujet les articles A pro­pos de la théo­rie quan­tique
[3] BITBOL Michel. (2015, 9 octobre). Notre pen­sée est-elle quan­tique ? France Culture, Science publique [pod­cast]
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Voir How robots can qui­ck­ly teach each other to grasp new objects 
[7] Voir l’article Gravité quan­tique et pro­ton de Schwarzschild
[8] HARAMEIN Nassim, Nassim Haramein at Rogue Valley Metaphysical Library (1) . Traduction dis­po­nible ici
[9] Voir éga­le­ment les articles sur l’effet papillon au sujet de la résonance.

              




 

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